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CFDT Crédit Agricole Languedoc

[Présidentielle] Enquête CFDT : les salariés veulent être associés aux décisions de l'entreprise

21 Mars 2017, 00:05am

Publié par CFDT CA Languedoc

[Présidentielle] Enquête CFDT : les salariés veulent être associés aux décisions de l'entreprise

Plus de 200 000 personnes ont participé à l'enquête de la CFDT, "Parlons travail". Les salariés se disent nombreux à aimer leur travail, mais tout aussi nombreux à en souffrir du fait de l'intensification de leurs tâches. Les salariés demandent d'ailleurs en priorité aux élus du personnel d'améliorer leurs conditions de travail.

 

C'est parce que le travail est devenu "invisible et souvent mal traité dans le débat public" que la CFDT a lancé, de septembre à décembre 2016, une vaste consultation par internet sur ce sujet, afin de le remettre au cœur de la présidentielle. Il s'agissait, a rappelé hier matin Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, de "mieux connaître la façon dont les salariés vivent leur relation avec le travail". A cet égard, l'enquête, à laquelle 200 000 personnes ont répondu, relève une situation ambivalente, souvent au cœur de la relation au travail.

 

Les salariés aiment leur travail mais ils disent travailler trop

 

Côté pile : 77% des personnes ayant répondu à l'enquête disent aimer leur travail, 59% y prennent souvent plaisir, 70% confient souvent y "rigoler" ou encore 57% déclarent être globalement fiers de ce qu'ils font.

 

Côté face : 44% affirment ressentir souvent des douleurs physiques à cause de leur travail, 39% soutiennent que leur travail est physiquement exigeant, et, surtout, 51% affirment que leur charge de travail est excessive, 32% confiant travailler souvent en dehors de leurs horaires. Ce panorama devient franchement alarment si l'on y ajoute les 54,8% disant avoir déjà pleuré à cause de leur travail et les 36,6% affirmant avoir déjà fait un burn-out ou épuisement professionnel.

29% des salariés seulement sont dans une situation normale au travail

Selon l'enquête CFDT:

  • 71% des répondants peuvent prendre leurs congés et RTT;
  • 47% ont une quantité de travail modérée;
  • 78% ne se voient pas fixer des objectifs intenables;
  • 42% ont le temps de faire correctement leur travail.

Ces 4 critères cumulés définissent une situation normale au travail, selon les chercheurs ayant travaillé sur l'enquête. Problème : seuls 29% des salariés ayant répondu au questionnaire peuvent cocher oui aux 4 critères. Et ceux qui ne le peuvent pas ont, à 64%, du mal à dormir du fait de leur travail.

Cette intensification du travail, Laurent Berger la relie à un autre constat préoccupant dressé par les salariés : ceux-ci aspirent largement à "dépasser le modèle de l'entreprise française très hiérarchisée", peu transparente et associant peu les travailleurs aux décisions ou à sa gestion. En effet, pas moins de 74% des salariés aspirent à davantage d'autonomie, 40% ont l'impression de passer plus de temps à rendre des comptes qu'à travailler, 73% aimeraient participer davantage aux décisions importantes qui affectent leur entreprise ou leur administration. "Or la confiance est essentielle dans le dialogue social", pointe Hervé Garnier, secrétaire national chargé du travail à la CFDT.

 

"Un renforcement du rôle des représentants au CE et au conseil d'administration"

Laurent Berger voit dans ces résultats le bien-fondé de revendications posées par la CFDT à l'égard des candidats à la présidentielle. Dans un http://www.actuel-ce.fr/modules/file/icons/application-pdf.pngmanifeste pour le travail, la CFDT réclame notamment :

  • un renforcement du rôle des représentants des travailleurs dans les comités d'entreprise et les conseils d'administration;
  • "une gouvernance d'entreprise plus ouverte, étendant la responsabilité sociale de l'entreprise";
  • une "organisation du travail plus souple, avec moins de reporting", à la définition de laquelle les salariés seraient associés (via par exemple "une généralisation de la négociation sur la qualité de vie au travail");
  • une "évolution profonde du management vers des pratiques plus collaboratives";
  • la mise en place d'un chèque syndical afin d'inciter à la syndicalisation.

 

La CFDT critique tout abandon du monopole syndical de présentation des candidats au premier tour des élections professionnelles, mesure défendue par François Fillon. La confédération se montre également réservée sur une fusion des instances représentatives du personnel (IRP) de droit, défendue tant par Emmanuel Macron que par François Fillon : "Les entreprises qui le souhaitent peuvent déjà négocier, via un accord majoritaire, une évolution de leurs IRP !" rappelle Laurent Berger, qui se déclare également attaché à l'instance du CHSCT qui traite des questions du travail. "Faire du syndicalisme et des représentants du personnel le bouc-émissaire des difficultés économiques actuelles, c'est un peu fort du café", s'énerve le secrétaire général de la CFDT qui a cette phrase : "La CFDT n'a pas de candidat. Il y a un danger, le Front national, et des enjeux. Non à une vision très autoritaire de la société où tous les corps intermédiaires sont rejetés".

 

Défense du compte pénibilité et d'un meilleur dialogue social

 

La CFDT marie donc dans ce manifeste la défense d'avancées acquises (comme le compte pénibilité) et leur évolution ("intégration d'une banque de temps au compte personnel d'activité afin de permettre à chaque travailleur de gérer son temps de travail tout au long de sa carrière"). L'ensemble de ces mesures irait de surcroît, soutient Laurent Berger, dans le sens d'une "plus grande compétitivité économique". Lui objecte-t-on que le dialogue social plus transparent et plus poussé qu'il appelle de ses vœux reste problématique dans de nombreuses entreprises, l'outil clé de ce dialogue, la base de données économiques et sociales prévue par la loi de sécurisation de 2013, restant absent ou insuffisant comme le déplorent de nombreux experts de CE ? "Nous multiplions les formations de nos militants pour qu'ils réclament la mise en place de cette BDES. C'est un combat de long terme, qui va faire l'objet de controverses avec la patronat, frileux dans la pratique dès qu'il s'agit de partager un peu de pouvoir et d'information dans l'entreprise. Cela prendra du temps mais nous maintenons cet objectif. Regardez le droit d'expertise du CE : il existe depuis longtemps mais certaines équipes d'élus ne peuvent toujours pas l'utiliser", répond Laurent Berger.

 

(*) Sur les plus de 200 000 personnes ayant répondu aux 172 questions de l'enquête CFDT, la moitié ne sont pas syndiquées. Les personnes syndiquées le sont à la CFDT (38% des répondants) et dans d'autres syndicats (7%). A noter que sur 200 000 répondants, on recense 117 000 CDI, 11 500 CDD, 9 300 chômeurs, 6 000 retraités, 1 850 intérimaires, 3 980 travailleurs indépendants, 52 000 personnes étant des agents publics, etc. Voir dans notre pièce jointe ci-dessous le détail des réponses.

Les salariés attendent d'un DP qu'il intervienne pour améliorer les conditions de travail

La CFDT ne va pas manquer d'analyser les réponses des salariés aux questions portant sur le rôle des syndicats. Car si certaines sont réconfortantes ("un monde du travail sans syndicat, ce serait l'exploitation pour tous" pour 57,4% des salariés), d'autres sont préoccupantes. Ainsi, 16,4% des salariés ayant déjà sollicité un délégué syndical jugent que cela a été inutile, contre 14,5% utile. De la même façon, 14,9% des salariés ayant déjà participé à une action syndicale jugent que cela a été inutile, contre 11% utile. Enfin, 58% estiment qu'il y a trop de syndicats en France mais 37% des personnes interrogées n'aimeraient pas se syndiquer, 12,5% jugeant cela "dépassé". Il faut dire que 86% des salariés interrogés jugent que les syndicats devraient s'occuper davantage des difficultés quotidiennes au travail, seuls 27,9% des salariés répondant pouvoir compter sur un syndicat pour faire appliquer le code du travail.

Enfin, interrogés sur ce qu'ils attendent en priorité d'un délégué du personnel, les salariés répondent :

  • intervenir pour améliorer nos conditions de travail (44,4%);
  • se battre pour la défense de l'emploi (14,3%);
  • me donne des conseils sur ma situation de travail (10,3%);
  • travailler au maintien du pouvoir d'achat (9%);
  • lutter pour l'égalité des femmes et des hommes (8,6%);
  • défendre le système de retraites (5,1%);
  • autre (6%).

Ces réponses sont frappantes : au-delà de la méconnaissance du rôle des DP (chargés de porter les réclamations individuelles et collectives des salariés), on rejoint ici le constat d'une priorité donnée à l'amélioration des conditions de travail, liée à l'intensification des tâches et aux demandes constantes de reporting.